---------------------------------------------------------------------------------
Jeudi 8 février, 14h30-17h30 :
MATTHIEU DUPERREX Comment l’esthétique vient-elle à l’enquête en sciences humaines ?
En s’appuyant sur ses enquêtes de terrain, en Tunisie, en Corse, le long de la Garonne, dans le delta du Rhône ou en Louisiane, Matthieu Duperrex illustrera la façon dont la démarche créative devient un dispositif opératoire à part entière, au-delà des questions de restitution des savoirs. Avec des m onstres et fantômes de l’Anthropocène qui hantent de plus en plus nos milieux fracturés et malmenés [1] , les assemblages de lignes de vie et de mort qui prolifèrent au sein de la dialectique du paysage altéré induisent en effet des pratiques d’enquête indissociables de parti pris esthétiques. Créations numériques, expositions, installations plastiques et performances, mais aussi déplacements du côté de la littérature et de la poésie documentée… Ces modes opératoires déploient ainsi à leur façon une perspective résidentielle pour l’enquêteur et interrogent la responsabilité ( response-ability ) de l’artiste vis-à-vis de l’objet de son enquête.
Mathieu Duperrex
Enseigne les sciences humaines et sociales à l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille (Laboratoire Inama). Artiste et théoricien, directeur artistique du collectif Urbain, trop urbain, ses travaux portent sur les effets de la crise environnementale et climatique et procèdent d’enquêtes sur les milieux anthropisés et croisent littérature, sciences-humaines et arts visuels ou numériques. Il a notamment publié Voyages en sol incertain. Enquête dans les deltas du Rhône et du Mississippi (Marseille, Wildproject & La Marelle, 2019), Semer le trouble. Soulèvements, subversions, refuges (Paris, Techniques&Culture, 2020), Fos - Étang de Berre. Un littoral au cœur des enjeux environnementaux (Aix-en-Provence, Rives méditerranéennes, 2021), La rivière et le bulldozer (Paris, Premier Parallèle, 2022).
+ [
https://www.zotero.org/urbain_/cv |
https://www.zotero.org/urbain_/cv ]
+ [
http://www.urbain-trop-urbain.fr/ |
http://www.urbain-trop-urbain.fr/ ]
[1] Cf. Gil Bartholeyns, Le hantement du monde. Zoonoses et pathocène, Bellevaux, Édition Dehors, 2021.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
PROGRAMME DU SEMINAIRE
AUTRE HISTOIRE, OUTRE NATURE. REPENSER L’ART ET LE DESIGN
« Deux défis s’imposent aujourd’hui à la recherche : d’une part réécrire l’histoire de l’art et du design dans une perspective plurielle, de l’autre redéfinir la notion de nature. Face à la crise écologique, politique et sociale qui caractérise ce début de millénaire, il devient impératif de repenser l’art et le design au-delà du récit dominant qui les relie à la tradition de la modernité occidentale, et qui les fonde sur une dialectique entre sujet et objet, matière et forme, nature et culture. Il s’agit alors de récolter d’autres voix qui racontent une autre histoire, et qui envisagent nos rapports avec le monde au-delà de l’opposition entre une société humaine, basée sur l’artifice, et un environnement naturel, vierge de toute technique.
S’il est évident que cette reconfiguration de l’histoire et de la nature anime aujourd’hui le débat dans les sciences humaines et du vivant, qu’en est-il de l’art et du design ? Qu’est-ce que cette reconfiguration peut apporter à l’art et au design, mais surtout comment l’art et le design peuvent-il contribuer à cette reconfiguration – qui, au fond, s’inscrit dans une tension d’ordre politique ? Car, en repensant l’art et le design, il s’agit de repenser l’horizon social : notre histoire et notre nature, nos façons d’habiter et de cohabiter le monde. » (Présentation du cycle 2022-23)
Les défis auxquels sont confrontés l'art et le design, ainsi que la recherche dans ces domaines, restent nombreux : d'une part, la crise écologique de plus en plus évidente nous pousse à rechercher des solutions urgentes, d'autre part, c'est précisément cette précipitation qu'il nous faut éviter. Cette double pression conduit artistes et designers à expérimenter intensément : les pratiques étendent leur visée et mobilisent une multitude d’acteurs et, par le même mouvement, la recherche et la documentation des processus développent des formats inédits.
Pour ce cycle 2023-2024, pensé en continuité avec l’année précédente, sont invité-es à intervenir des artistes, des designers et des chercheur-es qui, par des pratiques pluridisciplinaires et l’emploi de divers moyens et médias (audiovisuel, édition, exposition parmi d’autres), expérimentent de nouvelles formes d'alliances et de collaborations, qui visent une reconfiguration de l’horizon social, dans une perspective de plus en plus inclusive.
Le séminaire doctoral EnsadLab est un espace de réflexion sur les méthodes expérimentales dans la recherche en art, design et sciences sociales. Il interroge les aspects méthodologiques de la recherche - les formes de l’enquête et de la recherche par la pratique - et les enjeux théoriques et conceptuels (les formes de narration spéculative, les relations entre arts et sciences, les formes de connaissance produites par la recherche en art et en design). En donnant la parole d’un côté à des artistes et à des designers, et de l’autre à des chercheurs en sciences sociales, le séminaire se veut un espace critique d’échange pour les doctorants d’EnsadLab et est ouvert également aux étudiants des autres établissements de PSL.
23 novembre 2023 : ERNESTO OROZA
21 décembre 2023 : NELLY BEN HAYOUN
8 février 2024 : MATTHIEU DUPERREX
21 mars 2024 : BEKA & LEMOINE
2 mai 2024 : RENATA MARQUEZ / WELLINGTON CANÇADO
30 mai 2024 : NANCY BERTHIER
EnsadLab École nationale supérieure des Arts DécoratifsUniversité PSL (Paris Sciences et Lettres)31, rue d'Ulm - F 75005 Paris
