Bonjour à toutes et à tous,

J'ai le plaisir de partager avec vous un appel à contribution pour un colloque qui se tiendra fin novembre à la maison de la recherche de l'université de Toulouse 2 Jean Jaurès. Le colloque, porté par le laboratoire Lara-Seppia, est intitulé Les matrices disciplinaires du design. Vous trouverez l'appel ci-dessous et en pièce jointe au format pdf. Les propositions de contributions sont à nous faire parvenir pour le 4 septembre à l'adresse suivante:

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Bonne réception et au plaisir de vous lire,

Bien cordialement,

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Jérémie Elalouf

Maitre de conférence à l'Institut Supérieur Couleur Image Design (ISCID), Université Toulouse 2 - Jean Jaurès (UT2J)
Co-responsable du master Graphisme et édition, responsable de la licence CID
Laboratoire Lara Seppia (UR 4154), responsable de l'équipe de recherche Seppia

Centre universitaire de Tarn et Garonne, 116 boulevard Montauriol, 82000 Montauban
[log in to unmask] / 06 67 53 34 94


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Les Matrices disciplinaires du design

30 novembre - 1er décembre, Université Toulouse Jean-Jaurès, Maison de la Recherche.
Laboratoire Lara-Seppia

Deadline : 4 septembre 2023.

Résumé

Le terme de design est aujourd'hui revendiqué dans de nombreuses pratiques (design thinking, design management, design strategy, design innovation), au point que l'on peut se demander ce qui constitue encore l'unité de la discipline. Dans une telle situation, réfléchir aux matrices du design, aux contextes et aux enjeux qui lui ont permis de prendre forme, pourrait permettre de repenser à nouveaux frais ce dont le design peut être porteur.

 

Argumentaire

Design thinking, design management, design strategy, design innovationDe nombreuses pratiques revendiquent aujourd’hui le terme de design, au point que l’on peut se demander ce qui constitue le dénominateur commun d’un ensemble aussi hétéroclite. Une telle appropriation n’indique-t-elle pas que les idées portées par le terme de design sont devenues consensuelles, et que la discipline traverse une crise d’identité ? Certes, il n’est pas facile de donner une définition précise et unifiée du design, notamment parce que la revendication de l’interdisciplinarité a joué un rôle important dans l’histoire de la discipline et de ses déclinaisons (recherche-création, recherche-projet, recherche-action…). Pour des auteurs comme L. Moholy-Nagy[1] ou V. Papanek[2], par exemple, le design se devait de devenir une activité générique, à l’interface de toutes les autres pratiques. Il s’agissait même pour eux d’une condition pour que le design soit porteur d’une transformation sociale positive. Notons cependant que cet idéal d’une activité transdisciplinaire implique que le design ne peut simplement s’ajouter à des disciplines existantes comme une espèce de supplément.

Toujours est-il que la banalisation du terme et son appropriation dans des champs qui lui étaient jusqu’à présent étrangers, pose la question des limites et des enjeux propres du design. H. Foster avance par exemple, dans Design & crime[3], qu’en se généralisant, le design tend à produire une indifférenciation globale. Reprenant les considérations de R. Koolhaas sur le junkspace[4], il considère que le design est devenu complètement intégré à l’imaginaire marchand et participe d’une destruction du rôle critique des productions esthétiques. Mais, cette critique du design se fait au nom d’un personnage qui a joué un rôle important dans l’histoire de la discipline, A. Loos[5]. Foster remet ainsi davantage en question un état de la culture que ce dont le design a été, historiquement, porteur. Dans un tel contexte, peut-être faut-il, en suivant la suggestion de P. Klee dans la Théorie de l’art moderne[6], « remonter du modèle à la matrice[7] », pour tenter de revenir aux enjeux fondamentaux qui ont suscité l’apparition de la discipline. Comment revendiquer une matrice disciplinaire qui permettrait de produire un design singulier ? Quelle place accorder aux pratiques et réflexions originelles qui sont dorénavant peut-être effacées dans le terme de design ?

La notion de matrice disciplinaire a été proposée par T. S. Khun dans la postface de La structure des révolutions scientifiques[8] pour dissiper les malentendus suscités par la notion de paradigme. Certes, Kuhn a pensé la notion de matrice disciplinaire pour analyser les transformations des activités scientifiques et certains éléments constitutifs qu’il identifie ne peuvent s’appliquer directement au design[9]. Nous proposons cependant de mettre à l’épreuve la fécondité que pourrait avoir cette notion pour interroger les enjeux de la discipline. Un tel questionnement pourrait porter, par exemple, sur les théories mobilisées pour justifier la nécessité de la discipline, sur les valeurs fondatrices qui ont été invoquées par les praticiens, ou encore sur les exemples qui ont servi de références communes. Le présent colloque s’attachera donc à explorer les enjeux historiques, pratiques, prospectifs et disciplinaires sous-tendus dans ce que l’on nomme le design. Il abordera plus particulièrement les questions de :

1.   Matrices historiques : les courants et idéologies constitutifs du design (beaux-arts, artisanat, architecture, arts plastiques et appliqués, sciences fondamentales, sciences de l’ingénieur, etc.).

2.  Matrices pratiques : les contextes concrets permettant l’émergence de démarches relevant du design (rôle du terrain, des collectifs, de l’enquête, place de l’expérimentation, poïétiques de la conception, etc.).

3. Matrices thématiques : les sujets et objets de création et de recherche devenus interdisciplinaires au regard de la situation sociale et planétaire (accidentologie, accélération, soin et santé, mémoire et innovation, etc.).

4. Questionnements prospectifs : quels sont les nouveaux contextes, les nouvelles pratiques, susceptibles de former des matrices disciplinaires permettant l’émergence de nouvelles orientations pour le design (I.A., design-couleur, slow studies, etc.) ?

 

Soumission des propositions

Les propositions ne doivent pas excéder 2500 signes et être accompagnées d’une brève notice biographique. Elles sont à envoyer pour le 4 septembre 2023 à l’adresse suivante :

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Une réponse sera communiquée aux auteurs le 11 septembre.

 

Éléments bibliographiques (non exhaustifs)

Bachelard, Gaston. Le Nouvel Esprit scientifique. Paris, PUF, 2013.

Baudrillard, Jean. La Société de consommation. Préf. de J.-P. Mayer. Paris, Gallimard, 1996.

Boudon, Philippe. Conception. Paris, Ed. La Villette, 2004.

Boutinet, Jean-Pierre. Anthropologie du projet. Paris, PUF, 1990.

Branzi, Andrea. Qu’est-ce que le design ? Paris, Grund, 2019.

Chiron, Eliane ; Lancri, Jean (dir.). Arts plastiques : recherches et formations supérieures. Paris 1, CERAP, 1995.

Foster, Hal. Design & crime. Trad. De C. Jacquet, L. Manceau, G. Herrmann et N. Vieillescazes. Paris, Les Prairies ordinaires, 2008.

Flüsser, Vilèm. Petite Philosophie du Design. Belfort, Circé, 2002

Geel, Catherine ; Brunet, Claire. Le design : histoire, concepts, combats. Paris, Folio, 2023.

Huyghe, Pierre-Damien. Art et Industrie : Philosophie du Bauhaus. Belval, Circé, 1999.

Huyghe, Pierre-Damien. À quoi tient le design. Grenoble, De l’incidence éditeur, 2018.

Klee, Paul. Théorie de l’art moderne. Éd. et trad. de P.-H. Gonthier. Paris, Gallimard, 1998.

Kuhn, Thomas Samuel. La Structure des révolutions scientifiques. Trad. de L. Meyer. Paris, Flammarion, 2008.

Loewy, Raymond. La Laideur se vend mal. Trad. de M. Cendrars. Paris, Gallimard, 1990.

Loos, Adolf. Ornement et Crime et autres textes. Éd. et trad. de S. Cornille et P. Ivernel. Paris, Payot, 2003.

Margolin, Victor. World History of Design. London, Bloomsbury Academic, 2017.

Matali, Crasset ; Bihanic, David. Matrices. Lille, Athom, 2022.

Menger, Pierre-Michel. Portrait de l’artiste en travailleur, métamorphoses du capitalisme. Paris, Seuil, 2002.

Moholy-Nagy, László. Peinture, photographie, film et autres écrits sur la photographie. Trad. de C. Wermester, J. Kempf et G. Dallez ; préf. de D. Baqué. Paris, Gallimard, 2007.

Papanek, Victor J. Design pour un monde réel : écologie humaine et changement social. Dir. A. J. Clarke et E. Quinz. Dijon, Presses du réel, 2021.

Simondon, Gilbert. Du mode d’existence des objets techniques. Préf. de J. Hart et postf. De Y. Deforge. Paris, Aubier, 2001.

Stiegler, Bernard. La technique et le temps ; suivi de Le nouveau conflit des facultés et des fonctions dans l’anthropocène. Paris, Fayard, 2018.



[1] Moholy-Nagy, László. Peinture, photographie, film et autres écrits sur la photographie. Trad. de C. Wermester, J. Kempf et G. Dallez ; préf. de D. Baqué. Paris, Gallimard, 2007.

[2] Papanek, Victor J. Design pour un monde réel : écologie humaine et changement social. Dir. A. J. Clarke et E. Quinz. Dijon, Presses du réel, 2021.

[3] Foster, Hal. Design & crime. Trad. De C. Jacquet, L. Manceau, G. Herrmann et N. Vieillescazes. Paris, Les Prairies ordinaires, 2008.

[4] Koolhaas, Rem. Junkspace. Trad. de D. Agacinski, préf. de G. Mastrigli. Paris, Payot, 2011.

[5] Le titre du livre de Foster fait référence au texte d’Adolf Loos, Ornement et Crime.
Loos, Adolf. Ornement et Crime et autres textes. Éd. et trad. de S. Cornille et P. Ivernel. Paris, Payot, 2003.  

[6] Klee, Paul. Théorie de l’art moderne. Éd. et trad. de P.-H. Gonthier. Paris, Gallimard, 1998.

[7] Ibid., p. 30.

[8] Kuhn, Thomas Samuel. La Structure des révolutions scientifiques. Trad. de L. Meyer. Paris, Flammarion, 2008.

[9] Nous pensons plus particulièrement aux généralisations symboliques (ibid., p. 296), ou aux conventions de notations propres à une discipline scientifique. Le design, du moins dans la plupart de ses pratiques, n’est pas suffisamment formalisé pour donner lieu à ce type d’analyse.    



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