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Chers tous,

La Rentrée approche et, avec elle, son flot de courriels et d'annonces en
tout genre. Cet appel à communication ne manquera pas d'intéresser
plusieurs d'entre vous, la question de la "participation" étant au coeur
des problématiques contemporaines en design. Attention, la date limite pour
soumettre un proposition (3000 signes) est le 2 septembre.

Bien cordialement,

--
Stéphane VIAL
Maître de conférences en Design à l’Université de Nîmes
Chercheur à l’Institut ACTE (UMR 8218), Université Paris 1 Sorbonne

Academia : unimes.academia.edu/svial
Communauté : www.recherche-design.org
Blog : www.designphilosophy.fr
Home Page : www.stephane-vial.net

*Associate Professor of Design at the University of Nîmes (France)*
Researcher at the ACTE Institute, Sorbonne Paris 1 University



*APPEL À COMMUNICATION*

*Colloque international*

*« La participation des publics : pratiques et conceptions »** *

*Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord*

*28 et 29 novembre 2013*

* ** *

*Comité d’organisation*

Maxime Cervulle, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, CEMTI, Institut
ACTE

Nelly Quemener, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, CIM, Équipe MCPN

Florian Voros, EHESS, IRIS


*Soutiens institutionnels*

·    Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord

·    EA 1484 Communication, Information, Médias, Université
Sorbonne-Nouvelle – Paris 3

·    Institut ACTE (UMR 8218), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

* *

Les publics, et notamment les publics subalternes (Fraser, 2001), ont
longtemps été dépeints comme une masse passivement enrôlée dans le
processus historique de développement des industries culturelles aux XIXèmeet XX
ème siècles (Maigret, 2006). Les études de réception ont revisité cette
histoire en plaçant la participation active, multiple et ambivalente des
publics au cœur de ce processus de médiatisation croissante des relations
sociales. La sociologie des « usages et gratifications » états-unienne se
lance ainsi dès les années 1940 dans un programme de recherche qui, pour
reprendre la formule d’Elihu Katz et Paul Lazarsfeld (1955), substitue à la
question « que font les médias au public ? » une interrogation portant sur
ce « que font les publics avec les médias ». Le « tournant de la
réception » dans les *cultural studies* à partir des années 1980 produit de
son côté un renouvellement des modèles théoriques (Hall, 1973 ; Jenkins,
1992 ; Grossberg, 1992) qui conduira au développement d’une véritable
ethnographie des publics (Morley, 1992 ; Ang, 1993 ; Radway,
1984) permettant de saisir aussi bien les formes de participation les plus
visibles, notamment incarnées par la figure du « fan », que les modes
d’engagement actif les plus ordinaires. Parallèlement, en France se
développe une sociologie de la réception centrée sur l’activité
interprétative des publics du cinéma, de la télévision et du spectacle
vivant (Odin, 2000 ; Esquenazi, 1994 ; Leveratto, 2006 ; Ethis, Fabiani,
Malinas, 2008), ainsi que sur la formation même des publics et des arènes
publiques (Dayan, 2000 ; Pasquier et Cefaï, 2003 ; Macé, 2006)


S’il importe toujours de contester les conceptions des publics qui tendent
à les associer à la passivité, régulièrement réactivées par les paniques
morales liées à l’émergence de formes de cultures médiatiques délégitimées,
il convient également de reconnaître que les enjeux qui traversent la
sociologie des publics ne sont plus les mêmes. À l’heure de la « culture de
la convergence » (Jenkins, 2006), comment les interactions entre anciens et
nouveaux médias modifient-t-elles les pratiques participatives des publics
? Et de quels nouveaux et anciens outils les sciences humaines et sociales
disposent-elles pour les comprendre ? Alors que la participation numérique
retient toutes les attentions, et que les inégalités sociales et disparités
générationnelles restent fortes dans l’accès à cette participation
numérique, comment penser les formes de participation les moins visibles ?


Tandis que ne cessent de se développer des foyers de discours encourageant
la participation, n’assiste-t-on pas à une forme d’injonction normative à
la participation ? S’engager dans la consommation culturelle, être un
public actif n’est-il pas désormais devenu le régime ordinaire de
conception et d’interpellation des publics ? Comment les publics
s’accommodent-ils de ces nouvelles normes et injonctions ? Et que devient
le rôle critique des études de réception face aux nouvelles formes
d’investissement commercial et politique de la notion même de
« participation » ?


*Dispositifs de participation*


L’histoire des dispositifs enjoignant à la participation et à l’engagement
des publics recouvre un champ particulièrement vaste : du développement de
la spectacularisation et des techniques d’immersion ou d’interactivité dans
les domaines cinématographique et audiovisuel (Massuet, 2012 ; Jullier,
1997 ; Livingstone et Lunt, 1992) aux plateformes en ligne permettant un
soutien actif des publics à la production des œuvres ou au mécénat
(Ordanini *et al.*, 1995), en passant par les pratiques expressives
multi-écrans invitant au partage, à la recommandation, au commentaire ou à
la critique (Allard, 2005 ; Jeanne-Perrier, 2010). De quelles façons ces
différents dispositifs socio-techniques et sémiotiques encadrent et
soutiennent les formes de l’engagement des publics ? Ont-ils favorisé
l’émergence de nouveaux usages médiatiques et de nouvelles expériences
spectatorielles ? Enfin, comment les publics se sont-ils saisis des
nouvelles façons de « faire public » ?


Au-delà d’avoir ouvert à la diversification et l’amplification des
contenus, la convergence entre anciens et nouveaux médias a sans doute
contribué à transformer les modes de sociabilités et de partage liés à la
consommation culturelle. En outre, l’émergence de dispositifs de médiation
« horizontale », par exemple au travers de la démocratisation des fonctions
« curatoriale » et de recommandation sur le web 2.0, tend tout à la fois à
concurrencer, compléter et reconfigurer les médiations verticales
traditionnelles (Maigret, 2007). Toutefois, cette activité nouvelle des
publics met-elle véritablement à mal la distribution des rôles culturels
entre producteurs, diffuseurs et récepteurs ? Les stratégies mises en œuvre
par les industries culturelles ne tendent-elles pas à façonner, modeler,
administrer, voire exploiter le travail social et créatif des publics ? Se
pose ainsi la question du degré d’autonomie des publics face aux
contraintes de la communication verticale, de leur capacité à détourner les
dispositifs et inventer des usages dépassant le cadre strict de la
participation commerciale encouragée par les industries culturelles.
Quelles formes prennent ces pratiques de « braconnage » (Certeau, 1980) des
dispositifs de participation et quels types de renouvellement de la
circulation de la critique dans la sphère publique ou du rapport aux œuvres
et à leur interprétation impliquent-ils ? En d’autres termes quelles sont
les formes que revêt l’autonomisation relative des publics dans la relation
à la consommation artistique ou culturelle (Vidal, 2012) ?


*Injonctions à la participation*


Cette culture de la participation a transformé en profondeur les modes
d’organisation des industries culturelles. En brouillant en partie la
frontière entre consommation et réception, elle participe de l’émergence de
nouvelles formes de travail et à ce que certains analysent comme une
nouvelle économie, basée sur la dissémination et une plus grande
accessibilité aux données et aux produits (Deuze, 2007). Mais c’est surtout
dans la relation des industries aux consommateurs et citoyens, et dans le
brouillage de la frontière entre ces deux statuts, que semblent se situer
les conséquences des injonctions contemporaines à la participation,
notamment au travers de l’activité numérique. De la généralisation de la
personnalisation des services et biens, aux écologies 2.0 que forment les
collaborations indirectes entre publics actifs et marques, la participation
des consommateurs constitue l’un des rouages essentiels des industries
culturelles contemporaines (Allard, 2008). Le « *prosumer *» ou
« consommacteur », ici tant convoité, semble s’imposer auprès des
producteurs comme une version idéalisée du public, à même de donner de son
temps et de son attention pour customiser son produit et participer à des
projets collaboratifs (Benkler, 2006 ; Cova & Dalli, 2009).


Au-delà des pratiques à l’œuvre du côté des publics, il nous paraît par
conséquent opportun d’interroger les logiques commerciales sous-jacentes à
ces nouvelles formes d’organisation des industries culturelles et les
modalités de la reconnaissance qui en découlent. Les injonctions à la
participation, fondées sur une économie basée sur une rétribution affective
plutôt que financière pour ces nouveaux consommateurs-producteurs (Scott,
2007), n’incitent-elles pas à un travail gratuit ou précaire ? De tels
débats dans le champ économique ne sont pas sans résonnance dans le domaine
politique. Si Henry Jenkins voit dans la culture de la convergence des
opportunités nouvelles de participation aux débats démocratiques, il est
néanmoins nécessaire d’interroger les récupérations stratégiques dont la
participation peut faire l’objet. La valorisation culturelle de la
participation, son émergence en tant que paradigme de compréhension des
publics, peuvent-elles être assimilées à un tournant démocratique ou au
contraire relèvent-elles d’un type inédit de contrainte sociale
(Martucelli, 2004 ; Bouquillion et Matthews, 2010)  ? À quelles nouvelles
formes de contrôle et de régulation donnent-elles lieu ?


Les propositions de communication au colloque pourront émaner de toute
discipline des sciences humaines et sociales. Elles pourront notamment
porter sur :

·      Les modes d’engagement médiatique des publics, leur histoire et
leurs reconfigurations contemporaines

·      Les théories de l’activité des publics, leur histoire et les
nouveaux enjeux qui les traversent

·      Les transformations des industries culturelles à l’heure de la
culture de la convergence

·      Les dispositifs d’incitation à la participation

·      Les dimensions économiques de la participation des publics (*
crowd-sourcing*, *crowd-funding*)

* *

*Les propositions de communications ne devront pas excéder 3000 signes
(espaces compris) et devront parvenir à l’adresse suivant
[log in to unmask] avant le 2 septembre 2013.*

* *

*Comité scientifique* :


Laurence ALLARD, MCF (Lille 3 Charles de Gaulle, IRCAV)

Nico CARPENTIER, Assistant Professor (Université Libre de Bruxelles)

Antonio CASILLI, MCF (ParisTech, EHESS)

Éric DACHEUX, PR (Clermont II, Communication et Solidarité)

François DEBRUYNE, MCF (Lille 3 Charles de Gaulle, GERiiCO, MSH Paris Nord)

Emmanuel ETHIS, PR (Avignon et des Pays du Vaucluse, Centre Norbert Elias /
UMR EHESS-CNRS-UAPV-ENS)

Christophe GÉNIN, PR (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Institut ACTE)

Laurent JULLIER, PR (Sorbonne Nouvelle Paris 3, IRCAV)

Phillipe LE GUERN, PR (Université de Nantes, CRAL-EHESS)

Éric MAIGRET, PR (Sorbonne Nouvelle Paris 3, CIM)

Louise MERZEAU, MCF (Paris Ouest Nanterre La Défense, Tactic)

Raphaëlle MOINE (Sorbonne Nouvelle Paris 3, IRCAV)

Bruno PÉQUIGNOT, PR (Sorbonne Nouvelle Paris 3, UMR CERLIS)* *







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